CE MOIS

Être simple est souvent compliqué

Je me réfléchis dans le miroir
Pour
Ne plus réfléchir
Être compliqué est souvent trop simple

Frédérique Vianlatte, avril 2023

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LES MOIS PRÉCÉDENTS

MASSAGE SECRET

Le défilé matinal des petits veinards se rendant au boulot dans leur auto soigneusement astiquée le week-end me réveille. Elle est sous la douche. Huit jours que nous n’avons pas fait l’amour ! Sous le lit, négligemment allongé dans la poussière, un vieux Playboy. Le texte est anglais, mais je ne cherche pas à traduire. Je la cherche elle, la petite agent des forces de l’ordre qui s’effeuille pour eux les hommes. Est-ce qu’elle s’imagine, derrière ses yeux verts amande un rien moqueurs, que des femmes aussi se masturbent en regardant ses vêtements tomber, ses porte-jarretelles glisser ? Oui, je pense que oui, à bien regarder là, au-dessus des seins enjôleurs qui s’évadent du soutien-gorge bleu nuit, le petit sourire amusé que l’on devine dans le miroir reflétant sa toison de fausse blonde. Dans la rue, les poubelles passent et réveillent les enfants, ma main s’arrête interdite. Je l’entends qui descend les rassurer, elle joue avec eux. J’ai du mal à me concentrer. Je tourne les pages, tombe sur un cul pleine page et reviens, empli d’une nouvelle vigueur, à mon agent de police new-yorkaise. J’imagine la tête de ses collègues, hommes et femmes, des malfrats qu’elle va conduire devant le juge, des putes dont elle va contrôler l’identité. Combien doivent-elles faire de passes pour toucher l’équivalent d’une séance de photo pour Playboy ? Combien de personnes, en ce moment, se branlent en la regardant ? Dans 30 minutes, je dois prendre le train. Je regarde son arrière-train à elle, ses wagons généreux, je pense à mon amour à sa langue délicate qui caresse mon intimité tandis que ses mains vernies soulignent mes seins. Le plaisir monte. Je regarde de nouveau la dernière photo, celle devant le miroir. Elle ne cambre pas assez les reins à mon goût, mais son petit sourire satisfait disant « Tu fais durer le plaisir ma grande aujourd’hui ?! Tu as raison, profites encore de mon petit cul d’amour », allié au souvenir enflammé d’une bouche qui m’aspire vers la félicité ont raison de mes dernières réticences. Je jouis. Vite, sans grand plaisir. Mais, c’est revigorée que j’essuie mon sexe avec les draps du lit avant d’enfiler, à la hâte, mes habits de psychothérapeute devant témoigner à Paris de la misère sexuelle en province…

Frédérique Vianlatte extrait du recueil de nouvelles « Communiquons », non publié.

Comme un Ouragan

Quand dans le fleuve de ma vallée
Vient nager ton fier canoë
Mes seins timides deviennent sauvages
Ma bouche humide devient orage

Frédérique Vianlatte, février 2023

MAGIE

Longtemps après
Que tu m’aies quittée
Résonne encore
Au tréfonds de mon corps
Au vif de ma vulve
Les cris
Ahurissants
De tes doigts
Hallucinés


Frédérique Vianlatte, janvier 2023

Jamais à la bonne taille

Il était jeune. Un beau visage. De l’humour, de la sensibilité. Mais il était gros. Obèse. Énorme. Pour se moquer, elle lui dit qu’elle accepterait de l’embrasser à condition qu’il perde 50 kg avant la nouvelle année. C’était impossible. Il faillit y perdre la vie. A l’hôpital, honteuse, flattée mais têtue, elle lui proposa une autre méthode. Plus douce, plus chaude : 10 kg de moins, il pouvait lui faire une bise dans le cou ; 20kg de moins, l’embrasser à pleine bouche ; 30Kg, lui caresser les seins, 40 kg, couvrir ses fesses de baisers ; 50 kg, plonger son sexe en elle. Il prit les conseils d’un diététicien et, tous les jours, alla à la piscine. Un an plus tard, il l’embrassait dans les drive-in. Dix-huit mois après, sur la plage, il passait l’ambre solaire sur ces seins en forme de poire sucrée. Neuf mois d’effort supplémentaires et, enfin, il allait pouvoir la dévorer tout entière de baisers fous, venir en elle et mourir de plaisir. Entre temps, bien sûr elle s’était fiancée, mais une promesse et une promesse, le parjure est un péché et elle voulait le paradis. Mais voilà, le jour J, malgré tout son désir à lui, malgré toutes ses caresses à elle, rien n’y fit. La panne, sèche, totale, désespérante. Fou de douleur, il décida de se suicider. De se laisser couler dans cette piscine source de tant d’efforts, cause de tant de douleur. Une dernière fois, il fit son sac. Une dernière fois, il prit son vélo. Une dernière fois, il monta l’escalier de la piscine municipale. Une dernière fois, il passa devant les yeux vides de la caissière. Une dernière fois, il se déshabilla. Une dernière fois, il avança à pas lents, pour ne pas tomber, dans le couloir qui mène au bassin olympique. Là, pour la première fois, il remarqua le sourire ensorceleur de la jeune femme de service. Ce fut le coup de foudre. L’amour fou. La femme de sa vie qui lui avoua, plus tard, que, depuis un ans déjà, elle ne cessait d’attendre le regard de ce jeune homme qui venait tous les jours et s’obstinait à porter un maillot de bain qui n’était jamais « à la bonne taille ».

Frédérique Vianlatte, Mars 2014.

THE END

C’est fini
Je ne suis plus
Ce fragment d’infini
Qui t’aimais infiniment
Désormais
Je suis cette faim
Qui t’aimera
Jusqu’à la fin des fins

Frédérique Vianlatte, mars 2009

DOUCEUR INTIME, DOUCEUR CÂLINE

« On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même ». Sage proverbe
qui vaut aussi bien pour les cadeaux de Noël que pour les plaisirs de
l’amour. Votre petit ami ne pense qu’à lui ? Votre mari vous délaisse ?
Votre amant ne sait plus vous combler. N’hésitez plus, franchissez le
rubicond. Goûtez aux délices du plaisir solitaire ! Non, pas cette caresse
hâtive et honteuse que vous vous autorisiez parfois à la piscine. Non, non,
un vrai, un bon, un gros panard solitaire offert par la personne qui connaît
le mieux vos désirs les plus intimes : VOUS. Commencez par prendre
une douche. Fermez les yeux. Mouillez vos jambes, vos hanches, vos
fesses, vos seins. Nul besoin de vous caresser, sentez juste le
picotement agréable de l’eau qui ravive petit à petit chaque centimètre de
votre peau. Maintenant, prenez une éponge naturelle ou un gant très
doux et flattez les courbes de ce corps que vous redécouvrez lentement.
Puis savonnez-vous. Sentez-vous comment vos seins que votre amant
maltraite si souvent sont sensibles à la délicatesse ? Et l’intérieur de vos
cuisses, n’est-il pas chaud comme le souffle du désert ? Essuyez-vous
avec douceur. Parfumez votre corps d’essences différentes. Inspirez
profondément ces délicieux effluves qui émanent de votre corps.
Habillez-vous, faites-vous belle. Attention ! ne mettez pas ce que lui
préfère, mais ce que vous vous préférez. Si vous étiez un mec, comment
vous feriez-vous bander ? Voilà, parfait. Si vous le désirez, maquillez-
vous. Maintenant, vous êtes irrésistible. Vous allez vous faire craquer dès
la première étincelle. Mettez votre disque favori. Dansez, dansez. Oubliez
tout. Laissez parler votre corps. Pas d’autocensure, vous êtes seule, libre,
animale. Ne résistez pas, laissez vos mains vous parcourir et défaire vos
vêtements. Frottez votre corps contre le mur, le canapé, la moquette, le
guéridon. Plongez sous les draps. Votre corps sait ce qui lui convient,
laissez-le vibrer. Vos doigts ne vous appartiennent plus. La musique, les
parfums qui s’exhalent de votre peau vous enivrent. Vous n’êtes plus que
flamme, que soif avide. Vos seins crient de plaisir, vos fesses gémissent,
n’éteignez pas l’incendie ! Vos doigts vous emplissent déjà de tous côtés
et mènent une sarabande délicieuse et infernale. Jouissez sans modération.

Changez les draps et remettez votre tenue de tous les jours.
Il rentre. Il a envie de vous. « Non chéri, pas ce soir, en ce moment je
m’en passe très bien ». Un mois de ce régime et je vous promets qu’il
retrouvera les ardeurs d’autres fois. Mais gagnerez-vous au change ? Il
n’y a qu’une seule manière de le savoir….

Frédérique Vianlatte extrait du recueil de nouvelles « Communiquons », non publié.

ECOUTE

C‘est dans le silence
De ta langue qui enlace
Mon Lys
Que j’entends
Tes plus beaux mots d’amour

Frédérique Vianlatte (mars 2011)

DIVORCE

J’ai tout donné. Tu n’as rien reçu. Tu as voulu me voler mais c’est toi qui est nu. Tu m ‘as trompé, menti, humilié, je me suis contenté de dire la vérité au fisc…

Frédérique Vianlatte (1/12/2021 publié sur le site la Taverne des spores)

INSOMNIE

Je me suis réveillée cette nuit mon amour. Cette nuit comme beaucoup d’autres nuits. Mais cette nuit, à la différence des autres nuits, ce n’est pas l’angoisse du temps qui passe qui m’a troublée. Non, cette nuit aucune angoisse. Ce n’est pas non plus cette peur de passer à côté de ma vie. Non cette nuit aucune peur. Cette nuit, seulement du désir. Tu es ivre et tu ronfles. Tu as pris toutes les couvertures. Je te hais et pourtant je te veux. Si fort ! Mon corps tremble. J’ai envie de venir m’empaler sur ton balais magique, de chevaucher les nuages sauvages et, soudain, sentir jaillir en moi l’orage incontrôlé de ton plaisir insensé. Alors, folle encore de désirs inassouvis, j’enduirai mon corps de crème fraîche. Devant tes yeux étonnés, mes mains caresseront lentement mes seins lourds, mes hanches frémissantes, ma vulve ruisselante, puis je plongerai mon doigt crémé dans ton anus immaculé. Alors tu rebanderas mon amour. A nouveau, je planterai ton pieu orgueilleux au creux de mon intimité. Je deviendrai aviatrice et ton manche guidera l’avion de mes sens vers le ciel étoilé. Je ne sais qui de nous deux décrochera la lune le premier, mais ce que je sais, mon amour, c’est que je ne te laisserai pas souffler. J’emprisonnerai ta tête entre mes cuisses. Tu me lécheras. Longuement. Allongé nu devant moi, je contemplerai ton joli petit cul s’agiter. Tu auras froid mon amour, puis chaud, très chaud mon beau taureau. Alors, une dernière fois, je me cambrerai sur toi. Je ne penserai qu’à moi, qu’au plaisir que je t’arracherai. Ce sera long ou court, doux ou violent, doux et violent peut être, mais ce qui est sûr, mon bel ivrogne du samedi soir, c’est que je ne quitterai ta queue qu’heureuse et comblée, sans force et sans voix. Alors, alors seulement je m’endormirai. Tôt le matin, tu entendras les enfants jouer. Doucement, avec un gant d’eau chaude, tu me nettoieras en veillant à ne pas me réveiller. Sans bruit, tu descendras faire le petit déjeuner. C’est seulement quand tu prépareras le déjeuner que je descendrai à moitié endormie. J’ouvrirai le frigo et, faussement énervée, je dirai : « Chéri tu as encore oublié la crème fraîche !… »


Frédérique Vianlatte (mars 2009)

IMMOBILE AU PARADIS

D
ans le bus
T
u t’es endormie
C
ontre mon épaule
J
e n’ai pas dormi
Je n’ai pas bougé
De la nuit
J’avais retrouvé mon bébé
J’étais immobile au paradis

– Frédérique Vianlatte (février 2022)

Trintignant Roanne Théâtre

Je ne peux plus parler
Je ne peux plus pleurer
J’ai vu la mort
J‘aime la vie plus encore


– Frédérique Vianlatte (mars 2013)

N’y pensons plus

N’y pensons plus mon amour. Cette nuit… l’alcool… N’y pensons plus. Les chiens qui aboient, les voisins hébétés, les pompiers énervés : c’est déjà loin! N’y pensons plus. Savourons ce café face à la mer, ne regardons plus ces regards effarés, laissons ahurir les ahuris et cherchons un autre lieu, une autre plage. Nous avons trop ri. Nous avons trop dansé. Nous nous sommes trop regardés. Nous avons trop joué. Je n’aurais pas du, quand la lune nous éclairait encore, sous ta jupe, laisser mon doigt te mouiller. Tu n’aurais pas dû, fière et rebelle, glisser dans mon short étriqué ton string maculé. N’y pensons plus. Oublions ce moment de folie, cette pleine lune dans les dunes. Nus et joyeux, nous avons fait l’amour dans l’eau salée. Tu as crié pourtant mais pas assez pour couvrir le bruit des vagues. J’ai bu à tes seins l’eau de jouvence et entre tes reins tenu la cadence. Tu as crié encore, mais moins fort que le vent qui dansait dans tes cheveux. Nous avons couru pour nous réchauffer puis, épuisés, nous avons roulé enlacés au bas de la dune.Tu me voulais encore, ouverte comme les portes du paradis, chaude comme les portes de l’enfer. Au fond de ta grotte, un doigt puis deux, puis trois, quatre enfin, mais tu n’as pas voulu jouir car, au fond de ta bouche, lentement, mon désir se ravivait. Alors ivre de vents, de sables, de désirs et d’alcool tu t’es agenouillée face au soleil qui se levait. Tu as écarté tes fesses et je suis venu dans le temple interdit. Je t’ai chevauchée. De toute ton âme tu as hurlé; de tout mon être je t’ai aimé, mais de toi, je n’ai pu me séparer. Nous avons dû, au petit matin, rentrer à moitié nu, totalement encastré l’un dans l’autre, ma main sur ta bouche ne parvenant pas à étouffer les cris de plaisir qui, malgré toi, jaillissaient à chaque pas. Non mon amour, n’y pensons plus. Partons  ! Et, sans aucun remord, ce soir, recommençons.

Frédérique Vianlatte (mars 2010)

L’ETERNEL RETOUR

Les courbes de ton corps
Chantent l’amour
De l’aube à l’aurore

Frédérique Vianlatte (Février 2021)

TON CUL

Ton cul
Est un arc-en ciel
Qui embrasse une aurore boréale

Frédérique Vianlatte (Mars 2012)

LA JOUISSANCE

La jouissance, c’est l’extase sans le divin, l’accès à l’au-delà à portée de bouche. Le corps n’emprisonne pas l’âme, il la libère en la connectant au sublime. Nous ne sommes pas uniquement les esclaves du boulot ou les prisonniers du chômage. Nous sommes, surtout, chacun d’entre nous, des êtres uniques, des Dieux irremplaçables qui accédons au paradis à chaque fois que les chemins du sexe nous conduisent au plaisir. L’humanité n’est pas libre si le sexe reste prisonnier

Frédérique Vianlatte (extrait de « Pour résister au capitalisme faisons la sieste ». L’Harmattan.)

LE BUT

J’ai tout. Tout ce que je voulais étant enfant. L’argent, le pouvoir, la reconnaissance. Je n’ai jamais triché, jamais trahi. Je n’ai jamais été trahi non plus. Aucun ami. Des collaborateurs, des flatteurs, des flattés, des domptés, mais personne sur qui compter. Pas d’amour non plus. Des conquêtes, des défaites, des prostituées, des énamourées, mais personne avec qui partager. J’ai tout sauf ce qui compte vraiment. Pourquoi, mais pourquoi, ne me suis-je pas fixé un autre but ?
Frédérique Vianlatte (mars 2021)

SÉCHERESSE

Laisser pleurer
Les morts de son corps
Pour ne plus être
Noyé par les larmes
Qui ne coulent plus

Frédérique Vianlatte (mars 2021)

SEIN VALENTIN

Il était beau. Il était le sein droit d’une femme gauche. Il s’en foutait, il ne faisait pas de politique ! Mais quand une balle perdue de la police maladroite le toucha, il hurla de douleur et elle passa l’arme à gauche.

Frédérique Vianlatte (Mars 2020)

SONNERIES


Big Ben
Bon sang
Betty
Nous avons
Baisé
A Big Ben

Big Ben
Bon Sang
Benny
Ce n’était rien
Demain
Big bang
A Bali

Frédérique Vianlatte (Février 2021)

Immoral

Ils se sont rencontrés dans un club libertin. Elle avait perdu ses bas, il ne retrouvait plus son haut. Il l’a prise sans bas, elle grimpa tout en haut. Mais comme il pleurait tout bas, elle lui enleva le bas, il lui ôta le haut. Il se fit bonobo, elle en fut baba. Pour la première fois, il y eut une seconde fois. Puis une autre. Puis une autre. Ils ne se séparèrent plus, abandonnèrent conjoints et enfants. Ils vécurent très heureux et prirent beaucoup de temps à mourir de plaisir.

Frédérique Vianlatte extrait du recueil de nouvelles « Communiquons », non publié.

Sans toi

Je ne suis qu’une vague
Je ne suis qu’une lame
Un vague vague à l’âme
Sans vague et sans âme

Frédérique Vianlatte (Mars 2009)

Nezance

Une fleur violette nageait dans les yeux bleus d’un vieux volet. Ce dernier détestait les épinards, alors il ne mangeait pas de poissons rouges. Il était père et maire, mais son imper n’avait jamais vu la mer. Ses enfants, sa femme, son chien, son cor au pied l’avait quitté. Il était désormais le seul habitant de sa commune. La solitude, pensa-t-il soudain, c’est comme un film sans image ou un café au lait sans café : inexorablement con! Cette pensée le fit sortir de ces gonds et il alla se disloquer 10 mètres plus bas, au pied de cette ruine qui jadis avait été un château. Libérée, la fleur violette quitta les yeux du vieux volet et s’envola gracieusement dans les cieux : le rhinocéros était né!

Frédérique Vianlatte (Mai 2002)

FUMONS UN PÉTARD LE 14 JUILLET

Les pétards, ça fait du bruit, ça pue, c’est con. Plutôt que nous lancer à la gueule des ersatz de bâton de dynamite, célébrons notre nation le joint à la main. Le pétard est doux, pacifique, il sent bon. Offrons un joint à notre prochain. Ce n’est pas bon pour la santé, mais putain que c’est bon pour le moral ! Prolongeons le feu d’artifice par un peu de paradis artificiel avant de mélanger nos fesses. Avec le joint, je me réjouis, tu me rejoints et nous jouissons.

Frédérique Vianlatte (extrait de « Pour résister au capitalisme faisons la sieste », L’Harmattan)

CARREFOUR

C‘était un homme qui aimait les femmes. C’était une femme qui aimait les hommes. Ils se sont croisés, reniflés, entremêlés. Ils se sont aimés. Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ! Puis ils se sont lassés, déchirés, détestés. Un peu, beaucoup, passionnément à la folie. Elle n’ a plus aimé aucun homme. Il n’a plus aimé aucune femme. C’est un homme qui aime les hommes. C’est une femme qui aime les femmes.

Frédérique Vianlatte (Mars 2011)

Autrefois

Oui, je me souviens. C’était aux temps anciens, aux temps où le temps n’était pas compté où l’amour n’était pas une marchandise où l’homme n’était pas esclave de la machine. Un temps où les saisons étaient réglées comme du papier à musique. Un temps où le climat n’était pas une menace, l’autre un danger, la démocratie une utopie. Un temps où l’on pouvait encore croire au futur, un temps où le passé n’était pas une légende. C’était l’époque où le numérique n’avait pas encore tué l’utopie.

– Frédérique Vianlatte (Juillet, 2020)

Immoral

Ils se sont rencontrés dans un club libertin. Elle avait perdu ses bas, il ne retrouvait plus son haut. Il l’a prise sans bas, elle grimpa tout en haut. Mais comme il pleurait tout bas, elle lui enleva le bas, il lui ôta le haut. Il se fit bonobo, elle en fut baba. Pour la première fois, il y eut une seconde fois. Puis une autre. Puis une autre. Ils ne se séparèrent plus, abandonnèrent conjoints et enfants. Ils vécurent très heureux et prirent beaucoup de temps à mourir de plaisir.

– Frédérique Vianlatte (Juin, 2020)

Pas une larme
C‘est l’été. Il fait chaud. Ils s’aiment sans maillot. C’est ton pote, c’est ma femme. Je les tue sans sanglot.

– Frédérique Vianlatte (Mai, 2020)


Permis des sens

Sans peur et sans reproche
Tu approches
Fière et nue
Tes sens uniques
Laissent
Mes sens interdits

– Frédérique Vianlatte (Avril 2020)

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