NOUVELLES

DIVORCE

J’ai tout donné. Tu n’as rien reçu. Tu as voulu me voler mais c’est toi qui est nu. Tu m ‘as trompé, menti, humilié, je me suis contenté de dire la vérité au fisc…Frédérique Vianlatte (1/12/2021 publié sur le site la Taverne des spores)

RENAISSANCE

Laisser l’eau couler, longtemps. Savonner. Frotter fort. Que rien ne subsiste. Laisser la tête se vider et regarder les peurs s’écouler dans le siphon. Finir par une douche glacée. Se sécher et, enfin, regarder dans le miroir embué, l’être nouveau qui apparaît. Pas la femme qui nous insupporte, pas l’homme que nous voulions être autrefois, il y a si longtemps. Non, rien de tout cela. Juste voir apparaître l’être qui ne sait plus. Celui qui s’est détaché de tout. Celui qui indéterminé, libre, ouvert à tous les savoirs et partant pour toutes les aventures. Un inconnu nu.

Frédérique Vianlatte, « Renaissance » publiée sur le site « La taverne des spores » (18/12/2020)

SAINT NICOLAS

Il y a bien longtemps. Au temps où l’on pouvait encore devenir saint, vivaient trois sœurs. Trois sœurs qui avaient refusé le mariage forcé pour être libre, le moment venu, de suivre l’amour. Mais trois sœurs brisées par la vie. Trois sœurs sans argent qui allaient bientôt devoir fermer leur cœur et ouvrir leurs cuisses. Trois sœurs qui s’apprêtaient à vendre leur corps pour ne pas mourir de froid. Il est arrivé, il les a sauvées du vice. Enfermées dans un couvent elles ont, pour toujours, échapper à la faim, la prostitution et à la liberté d’aimer.

Frédérique Vianlatte, « Saint Nicolas » publiée sur le site « La taverne des spores » (18/10/2019)

TROP

Il était trop con pour ne pas aimer son cul. Elle n’était pas assez cul pour ne pas le trouver con. Elle en a trouvé un autre, il s’est branlé, seul.

Frédérique Vianlatte, « Trop » publiée sur le site Short Edition (14/10/2019)


UNE LARME

Malgré toute sa bonne volonté, elle ne pu avaler totalement l’infâme liquide blanchâtre. Quelques gouttes quittèrent sa bouche trop pleine, roulèrent sur son menton tremblant et s’unirent en une larme sirupeuse qui commença à glisser le long de son corps broyé de soubresauts incontrôlables.

Doucement, la larme blanche caressa son cou délicat puis vint effleurer ses épaules. Elle hésita un temps à venir embrasser le bras dénudé, mais un spasme violent la précipita sous le corsage de la femme. Gaillardement, elle partit à l’assaut du sein gauche. Il était rond, chaud, si ferme que seul le téton érigé comme un phallus improbable parvint à ralentir sa progression. La larme se frotta longuement contre cette érection de chair qui s’entêtait à venir lécher la dentelle sucrée du décolleté passablement froissé.

La femme encore à genoux trouva la force de se relever. Elle se débarrassa de son soutien-gorge et s’affala lourdement sur un lit métallique. Soudain libérés de leur prison de soie, les seins jaillirent dans le noir et propulsèrent la larme blanche dans l’air moite de la chambre d’hôpital. Elle s’écrasa bientôt près du nombril qui se contracta et l’aspira goulûment. La larme aurait achevé ici sa course folle, si un cris plus fort que les autres ne vint secouer les entrailles de la jeune fille. Avant que le ventre tordu de douleur ne se rétracte à nouveau, la larme s’extirpa de l’ombilic et rampa, millimètre par millimètre, jusqu’à la forêt chaude et humide du mont de vénus.

Là, elle slaloma vivement entre les poils pubiens, mais chuta lourdement contre un bourrelet de chair qu’elle embrassa sans retenu. Elle goûtait à peine la saveur de ces baisers inattendus que déjà un gouffre béant s’ouvrait devant elle. Elle avait beau s’agripper à la glissante parois du précipice, inexorablement elle s’enfonçait au sein d’un volcan où bouillonnait une lave impatiente.

A bout de force, elle vint se dissoudre dans le miel brûlant sans que jamais la jeune femme n’ait pris conscience du trajet sensuel de la larme. Après un dernier tressaillement, son corps ne bougea plus. Il devint même froid comme du marbre…
-« Allons, tu sais une pipe et un fistfucking, c’est pas cher payé pour un avortement, dit le jeune docteur en se rhabillant ».
-« C’est une fille, répliqua la jeune femme, cinq mois plus tard, en lui tirant une balle dans le ventre ».

Frédérique Vianlatte « Une larme » publiée sur le site Short édition (7/10/2019)

PRÉCIPITATION

Au loin, les nuages noirs. Tout près, sa culotte blanche. Je l’ôte lentement avec mes dents. Le vent et sa peau frémissent. Doucement, je viens en elle. Les hautes herbes dansent de plus en plus vite, de plus en plus fort. Nos corps gémissent. L’orage gronde, nos cris transpercent le tonnerre. La pluie est déjà là. La tempête arrive, nous partons.

Frédérique Vianlatte,  » Précipitation  » publiée sur le site « La taverne des spores » (18/10/2019)

POEMES

NUS PRES DE LA RIVIÈRE

Primate primitif
Je grogne
Colombe comblée
Tu cries
La terre tremble
Nous la quittons
Interloquée
La lune
Nous regarde passer
Nous explosons
Sur les rivages ensoleillés
De la voie lactée

Fréderique Vianlatte, « Nus près de la rivière » publié sur le site la Taverne des spores (08/03/2021).

CAMBRIOLAGE

Ce soir enfin
Je serai libéré
Souple
Je sauterai par dessus
Le portail rouillé
Avec d’infinies précautions
Je débrancherai l’alarme
A pas de loup
Je grimperai l’escalier
J’en-trouverai doucement
La porte de ta chambre
Dans le noir
Je m’avancerai
Vers tes draps blancs
Tu sentiras ma présence
Mon odeur me trahira
En colère
Tu voudras me frapper
Nous lutterons
Un peu
Beaucoup
Passionnément
Accordant le match nul
Tu me laisseras
Tâter à tâtons
Les tentures de ton corps
Je découvrirai bientôt
Ton coffre-fort
Après de longues heures
De combinaisons insensées
Je pourrai enfin
Y dérober
Des lingots de plaisir

Fréderique Vianlatte, « Cambrioloage » publié sur le site la Taverne des spores (11/02/2021).

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